vendredi 24 septembre 2010

THE EXPENDABLES


Depuis plus d’un an, la rumeur enflait sur le web : Sylvester Stallone préparait un film au casting démentiel pour rendre hommage aux actioners bourrins des années 80. Un film de commando porté par les plus illustres représentant des films de frappe… Mais pas grand monde s’est demandé vers quoi Stallone allait se tourner pour nourrir son film. Parce que la décennie reaganienne a accouché parfois du meilleur, Rambo, Predator, Die Hard, mais souvent du pire, Commando, Cobra et tant d’autres bouses torchées par les faiseurs de la Cannon. Et je dis ça sans prendre en compte le contenu idéologique totalement décomplexé (douteux) de ces films célébrant le héros «reaganien», bodybuildé, réglant chaque conflit par une utilisation brutale de la force.
Alors de deux choses l’une, soit Stallone décidait de nous en offrir une bonne vieille tranche à l’ancienne, en réinvestissant les codes un peu surannés de l’époque, soit il décidait de faire un film qui mettrait en perspective ces mêmes codes à l’apogée de sa maturité, en reproduisant sur le film d’action ce qu’il avait accompli avec la conclusion de ses deux sagas fétiches.
Les deux points de vue étaient séduisants, mais une fois de plus la déception est à la hauteur des attentes. The Expendables est loin d’être une bonne vieille tranche de bonne brutalité à l’ancienne, et c’est encore plus triste à dire, Stallone n’a strictement rien à raconter sur le genre qui l’avait amené au top, il y a plus de 20 ans.

Soyons sérieux, personne n’attendait un film qui se mesure aux chefs d’œuvre de l’époque, Stallone n’est pas Mc Tiernan et même si John Rambo a fait son petit effet par sa mise en scène classe et compréhensible, c’est surtout parce que les standards actuels sont passablement brouillons et illisibles. Tout le monde espérait plutôt un «bon trip régressif» dans la veine des films bien fachos dont les posters ont fait rayonner les murs de nos chambres enfantines, affichant par une démonstration de testostérone que nous nous préparions a affronter notre puberté, une abstraction étrange que nous projetions inconsciemment sur ces communistes qu’il fallait arroser d’une puissance de feu virile et sans pitié. C’était les années 80, c’était complètement con, mais nous étions si jeunes. 1989, le mur s’effondra et les stars du cinéma d’action s’étiolèrent peu à peu. L’ennemi éternel, jadis si identifiable, laissa vite place à un conglomérat fumeux de menaces diverses. Ce fut la mode au début des années 90 des ex-rouges reconverti dans la mafia (Double Détente) et des cartels de la drogue (Danger Immédiat). On alla même jusqu’à refiler le flambeau à de vieux terroristes qui sans doute n’en demandaient pas tant (l’IRA dans Jeux de Guerre), tout ça, bien sûr, sans retrouver le succès d’avant. Suite à cette période de restructuration, la menace bénéficia du développement des effets spéciaux numériques : météorites, noyau de la terre en fusion, extra terrestres ou Godzilla, le souffle d’une vengeance quasi divine s’abattit alors sur les Etats-Unis, avant qu’une flopée de nouveaux héros ne vienne sauver tout le monde. Ils avaient délaissé l’air buriné et la tenue de commando pour le costume en latex et le masque, sauvant le monde sans recourir à la brutalité beauf des Rambo, Matrix et autre Braddock. Le chant du M-16 ne subsiste plus que dans une poignée de DVD tournés à la va vite en Bulgarie et portés par des stars vieillissantes qu’une poignée de nostalgiques continue à soutenir.

La première déconvenue c’est que la mise en scène du film n’a rien à voir avec ses aînés. Stallone aurait pu chier son film mais avoir le goût de nous pondre une daube toute kitch et démodée, ce qui aurait au moins respecté le cahier des charges. Malheureusement, aussi ratée soit elle, cette réalisation rassemble tout ce qui se fait de pire en ce moment. On aurait pardonné la nullité si elle avait été gentiment vintage mais comment voulez vous tolérer pour un projet pareil l’affligeante nullité de notre époque ?
Au-delà des inutiles scènes de papotages, filmées sans aucune inspiration, toutes les scènes de bagarre sont présentées dans un montage épileptique. On est même en droit de se demander si Stallone n’est pas passé par Nantes vu ce recours obsessionnel au gros plan parce que dans l’euphorie la moitié de ce qui devait être shooté semble avoir été tout bonnement oublié. Un petit peu comme s’il manquait des plans pour donner aux bastons l’amplitude nécessaire.
L’aspect brouillon de l’ensemble trahi visiblement un gros problème de production, et je m’en fous que ce soit un manque de moyen ou de préparation parce que le résultat est proprement consternant. The Expendables est un film bâclé, tourné à l’arrache par un réalisateur manifestement plus intéressé à discuter anabolisant avec ses copains qu’à bosser avec son directeur de la photo ou son cadreur…
Truffé d’une foultitude de plans truqués affreux, The Expendables ressemble souvent à un workprint ripé sur la mule. Et pour un film se voulant un hommage sincère à la brutalité frontale du cinéma reaganien, comment accepter de voir le résultat massacré (oui dans le film, le seul vrai massacre, c’est le résultat) par autant d’incrustations numériques désuètes et hasardeuses… J’ai même été envahi par la profonde nostalgie des maquettes en cartons et des miradors en allumettes lorsque j’ai vu l’effondrement du palais, mais peut être les plus indulgents d’entre nous y verront ici un clin d'œil émouvant aux images de synthèses des années 80, qui sait ?

Là où John Rambo séduisait par sa lisibilité rigoureuse, The Expendables ne fait aucun effort. La gestion de l’espace est si ridicule que d’essayer de suivre ce qui se passe à l’écran devient une expérience absurde et irrationnelle. Alors que Michael Bay approfondit depuis quelques années le travail de Kandinsky pour orienter ses scènes vers l’abstraction pure et ainsi poser un regard artistique novateur sur l’idée même d’action et de sa représentation moderne, Stallone n’arrive pas à enchainer trois pauvres plans. Un exemple frappant, la poursuite en voiture (oui ici il n’y a que les exemples qui soient frappant), à quel niveau de nullité faut il tomber pour torcher ainsi une course poursuite toute simple sans que le spectateur ne comprenne rien de ce qui se passe ?! Comment captiver un spectateur qui ne sait pas combien de voitures sont engagées et qui ne pige rien à la résolution de la scène ?
«L’incompétence est un océan sans limite sur lequel dérive le navire de ton ambition» avait coutume de me dire mon assistante sociale, et c’est surement sur cette mer de merde que navigue notre sylvestre Titanic. Bordel, il faut vraiment en avoir rien à foutre de rien pour torcher un climax final aussi nul en pensant qu’une succession d’explosions numériques douteuses fera l’affaire. Quel manque de respect pour les inconscients qui se sont assis une heure et demie devant un écran pour se faire assommer par tant de nullité (oui au final il n’y a que la nullité qui assomme quoique ce soit dans ce machin). On ne peut pas en dire autant de la scène d’infiltration qui précède, pour cette dernière ils ont carrément eu recours, sans vergogne, à l’art subtil et délicat de l’ellipse. Une scène probablement victime d’un montage raté mais étudié comme un futur argument de vente pour un déjà annoncé director’s cut…

La démarche a beau être détestable, elle est loin de faire tâche sur cet étron roublard flottant dans la cuvette de nos espoirs.

-Sans ce truc en kevlar tes organes seraient déjà en purée
-Cause toujours tu m’intéresses
-T’as de la chance mon vieux
-Nan crois moi c’est toi
-Non c’est toi mon vieux

Malgré les apparences, ce dialogue n’est pas issu de La Classe Américaine mais de The Expendables. Je ne plaisante pas, a contrario visiblement du scénariste Dave Callaham, déjà responsable de l’écriture de trois pauvres navets dont le très littéraire Doom.
Aussi comment oublier cette scène où Stallone, étranglé, tout rouge et tout gonflé, est interrogé par le gros méchant qui fait peur ? Car à la question «t’as combien d’hommes avec toi ?» la réponse truculente fera sans nul doute un carton dans les cours d’école et chez les débiles légers : «juste ta mère».
Vous vous rendez compte que la réplique ultime de ce film badass radical partage le même humour qu’Arthur ? Que ses punchlines semblent avoir été écrite par le type qui écrit ses sketchs ?! C’est déjà assez spécial comme sentiment, mais lorsque le gros rasé éructe un sévère «qui t’a envoyé ?» et qu’on lui répond «ton coiffeur !», le spectateur déjà consterné se sent d’un coup propulsé loin, très loin, dans un pays où ne règne que la honte et la contrition. Voyez vous, ce spectateur s’attendait à un trip nostalgique sur son adolescence, vous savez cette époque bénie où, bouffé par l’acné, il rêvait de faire du kung fu et d’avoir un gros uzi… mais nom de Zeus Stallone l’a renvoyé un peu trop loin dans sa régression, directe en CE1 ! Soyons honnête, se pencher sur les dialogues de The Expendables, c’est surtout un prétexte à des moqueries et des quolibets qu’on pensait réservés aux films d’Elie Semoun.

Si l’intrigue est plus famélique qu’un bourguignon végétarien, c’est surtout à cause de la déconnexion totale d’une histoire principale, tenant en trois séquences pouilleuses, de toutes les autres scènes, pensées comme de simples annexes. La trahison de Dolph Lundgren ou les embrouilles conjugales de Jason Statham ne servent qu’à faire patienter le spectateur vers le prochain « morceau de bravoure » et ressemblent à des scènes coupées d’un montage trop généreux. De même la plainte de Rourke et le cabotinage de Roberts semblent totalement hors sujet, même si tout ça est censé servir pour l’un de catalyseur à la revanche et l’autre à la caractérisation de l’ennemi. Ainsi la construction du film ne repose que sur une succession de sketchs sans véritable lien entre eux, une compilation où chaque morceau donne envie d’avancer à la plage suivante.

Si les scènes d’action sont sacrifiées par la mise en scène, pire encore, le scénario s’occupe lui de régler son compte aux personnages. Pire parce que c’est sur cette promesse, cette affiche, que le film a été vendu. Un casting de rêve, une accumulation de noms pour faire fantasmer le fan crédule. Une fois de plus, cruelle est la déception et pendant la projection on ne peut que flairer l’haleine fétide de l’entourloupe faisandé.

Egocentrique, Stallone a écrit le film pour lui, alors qu’il n’a même pas la décence d’avoir quelque chose à raconter sur son personnage, mis à part une bluette glauque entre une jeune fille et un baroudeur de 60 balais bien sonnés qui a passé sa vie à massacrer celle des autres. Rocky revenait sur le lieu de sa jeunesse et Rambo acceptait que le monde autour de lui n’était pas une excuse à sa soif de violence, tout ça avait un sens. Ici, il faut comprendre que ce soit disant « esprit vintage assumé » est surtout une excuse minable pour n’avoir rien à proposer, bien qu’il rate sans surprise tout ce qu’il tente.

L’idée même du film de commando c’est l’idée d’un film choral, ou l’on suit des personnages interagir entre eux pour que l’on éprouve de l’empathie lorsque survient le moment de leur sacrifice. Ici, au-delà de leur sous exploitation, ils n’existent qu’au travers de leur relation à Stallone.
Il est paternaliste avec Statham, qui endosse le rôle du fils prodigue, Stallone consentira même à ce qu’ils tuent le méchant ensemble et lui offrira deux scènes tout seul.
Jet Li, c’est le side-kick rigolo. Généralement on a plutôt un Noir qui fait des blagues mais vu qu’Eddie Murphy devait demander trop cher, on se rabat sur un chinois. On l’appelle Yin-yang (j’ose même pas imaginer si ça avait été un Noir, on aurait eu droit à quoi ? Bamboula ? Blanche Neige ?) et on rigole durant tout le film sur sa petite taille (imaginez les bonnes blagues avec un Noir…).
Lundgren, c’est le frère ennemi qui sera puni parce qu’il défie la puissance du héros. Il lui sera ensuite pardonné après avoir courbé l’échine. Il n’a qu’une scène de bagarre, mais il repasse claquer la bise à la fin, une preuve de la générosité du film doit bêler la garde rapprochée de Sly.
Mickey Rourke revient encore une fois nous sortir son numéro de pénitent et sa gueule de freaks. C’est lui qui réveillera la conscience de Stallone grâce à une anecdote d’une indigence carabinée où il est question de méchants serbes et d’âme perdue présentée comme le grand moment déchirant du film. Assurément le pire moment de nanardisme de ces dernières années. Faut vraiment douter de rien pour pondre un truc pareil et les fans qui sont prêt à gober n’importe quelle mièvrerie dès qu’elle est anônée par un type ravagé bégayant pathétiquement sa rédemption dans des navets de ce genre auront du mal à s’en remettre lorsque leur gaule sera redescendue et qu’ils reverront le film. Applaudir la prestation de Rourke est probablement le spectacle le plus sordide que j’ai du subit depuis l’agonie de la pauvre Omayra.
Passons sur le caméo de Willis et Schwarzy, la scène est tellement bien rythmée et mise en scène qu’on dirait qu’ils n’ont jamais été présents en même temps sur le plateau. C’était sympa, mais juste dans la bande annonce…
Pour finir le tour du casting n’oublions pas Eric Roberts. Il connaît son job et ça, on ne peut pas lui reprocher, vu qu’il joue indéfiniment le même rôle de film en film, roulage des yeux et rictus compris…

Pour le reste du casting de ouf, je ne sais pas vous, mais n’étant pas un spécialiste des bouses virilistes destinées au solderies et ne regardant pas les matchs de sports où ça se tripote à coup de patates dans la gueule, je n’étais pas très au fait des carrières de Terry Crews (Fausse Blonde Infiltrées), Steve Austin (Mi temps au mitard), Randy Couture (Le Roi Scorpion 2) et Gary Daniels (Bloodfist 4). Un casting légendaire donc. Pour nous faire croire qu’ils existent et qu’ils méritent plus qu’un cachet de figurant chacun a sa blague de beauf, le Noir a un gros canon et des grosses balles, le catcheur à une oreille en chou fleur, le méchant est chauve…

On est décidément bien loin de ces films où le succès tenait, en partie, à la caractérisation précise des membres du commando. Ces moments qui font que des films comme Predator ou Extreme Prejudice fonctionnent. The Expendables a beau tenter de nous refaire le coup du «tu te souviens de… (mettre ici le nom d’un pays exotique quelconque comme l’Iran, le Venezuela ou le Nigeria)», «ah oué, c’était un merdier sans nom, on pensait qu’on s’en sortirait jamais», la sauce ne prend pas. Ils nous auraient monté une bonne mayonnaise qu’on aurait eu la frite, mais face au film de Stallone, il n’y a que le vinaigre de mon amertume qui peut me faire avaler toutes ces salades.

Les trips régressifs n’appartiennent donc pas qu’aux crétins qui savent pas boire s’éclatant le samedi soir avec leurs collègues de boulot devant des karaokés de la banlieue ouest en vomissant des génériques de dessins animés. Le trip régressif frappe visiblement tout autant les geeks autoproclamés qui se reluquaient les poils qui leur poussaient à la quéquette lorsque sortaient ces films que célèbre aujourd’hui la nostalgie…
The Expendables surfe sur cette régression d’une manière totalement artificielle et par son évidente modernité technique (shaky cam, montage cut et CGI foireux) on peut se demander s’il y a vraiment une différence entre ça et le spectacle essoufflé de licences 80’s aujourd’hui exploitées jusqu’à l’os. On peut refuser l’évidence mais The Expendables respire la vraie bonne nullité des années 2000.

Le cinéma d’action américain bien facho méritait peut être un hommage, mais le résultat est loin d’être à la hauteur. On aurait aimé voir les hommes de Barney Ross aller délivrer des mercenaires américains captifs en Irak, aller dessouder du terroriste iranien, traquer Ben Laden au Pakistan ou même défendre leur pays contre une invasion de la Corée du Nord.
Non, ils vont affronter un général en carton ondulé sur une île en image de synthèse. Il a beau être complètement stéroïdé, c’est pas le courage qui l’étouffe Sly. Ce politiquement correct pousse même Ross à condamner l’attitude de Gunnar qui veut pendre un pirate, alors qu’ils viennent tous de buter une vingtaine de Somaliens en se foutant de leur gueule…

Les trentenaires d’aujourd’hui avaient 10 ans lorsque Commando est sorti. J’ai de la peine à imaginer le tableau lorsque les tétards qui ont aujourd’hui 10 ans fantasmeront les films de leur enfance pour les faire revivre. Quand j’aurai 60 ans, Crank 2 ou Taxi 4 seront considérés comme des chefs d’œuvre, célébrés par des critiques fustigeant l’élitisme de notre époque. C’était déjà nul hier et demain ça sera encore pire, ce blog est le témoignage de ma lassitude.

jeudi 23 septembre 2010

AVATAR EDITION SPECIALE


La vague est passée. La révolution© Avatar a fini par s’abîmer dans toutes les galeries commerciales sous forme d’étals à perte de vue et de PLV autoritaires et dominantes. Mais déjà la marée reflue et, en ce mois de Septembre 2010, Avatar est de nouveau exploité en salle pour proposer un montage inédit serti de neuf nouvelles minutes.

Il est amusant de constater que ceux qui nous chantaient les louanges du film de cette insupportable tête de con égocentrique de Cameron, en célébrant son unique et totale perfection, sont les mêmes qui viennent nous ressortir leur flutiaux pour nous bassiner d’une nouvelle sérénade sanctifiant cette version allongée. Amélioré, le rythme ; harmonisé, le montage ; sublimé, le mixage, le film avait beau être parfait, subtil jus des Dieux dont la narration concentrait en son cœur l’ensemble des mythes de l’Humanité (en quelques mots ta maman elle est gentille et ton papa il est méchant), le voila dorénavant drapé d’une nouvelle Grâce, à tel point que certains se demandent si la pellicule ou les galettes transportant l’Œuvre ne devraient pas être considérés comme bénis.
Quand on pense que les médias officiels ont relayé le soixante dixième anniversaire de la découverte de la grotte de Lascaux et qu’il n’y a eu que quelques commentaires désabusés sur la scène de chasse à la vache pandorienne découverte dans le nouveau montage, il est évident, même pour nous au blog des films de merde, qu’il y a là un mépris évident qui suinte de l’ostracisme cynique qu’éprouve nos élites, nos dirigeants ainsi que l’ensemble des critiques…

Heureusement, ont fleuris cet été quelques articles amusant d’exégètes zélés tentant par tous les moyens de s’auto convaincre de l’importance historique du film. Présentant bien souvent comme fines analyses de vulgaires paraphrases toutes molles, ils reviennent sans cesse sur les raisons de ce succès. Car cette douzaine d’élus de leurs postes de vigie, du haut de leurs blogs, de fin fond de leurs colonnes ou de leurs forums, ont su voir la vérité au-delà du pessimisme blasé et unilatéral d'une promotion bâclée.

Depuis, ces pèlerins foulent chaque recoin de l’internet pour répandre la bonne parole. Les pénitents se sont fait prêtres et leurs blogs, colonnes et forums sont devenus des églises. Le blogueur Rafik Djoumi est devenu chroniqueur régulier au site d'Arrêt Sur Image, le webzine DVDvision tente d’exister en surfant sur le succès du film en y collant de si prêt que leur site internet semble n’être qu’un misérable objet promotionnel de la Fox, le journaliste Arnaud Bordas, transfuge ex Mad Movies ayant intégré les rangs du Figaro, a connu son heure de gloire en pourfendant le dragon téléramesque lors d’un débat télévisé aussi trépidant qu'un mauvais Lelouch.

A l’instar de ces désespérés qui reconnaissent en Avatar la cristallisation de tous leurs fantasmes cinématographiques et qui deviennent tour à tour les marchands du temple cameronien, le blog des films de merde réclame lui aussi sa part du gâteau. Nous aussi on a capté que la licence était porteuse et c’est pétri de la même vanité que nous revenons sur Avatar car visiblement les chefs d’œuvre de notre époque ont besoin de se faire remonter tous les six mois pour continuer à exister. Il n’est donc pas exclu qu’on revienne participer, nous aussi, à l’hégémonie culturelle du vilain petit canard de la Fox...